
En novembre 1632, un devoir vraiment macabre incombe aux citoyens de Lützen en Allemagne : enterrer environ 9000 soldats morts sur un champ de bataille de la sanglante Guerre de Trente Ans. Après des siècles, les archéologues ont trouvé les traces de cet événement.
Il y a quelques années les chercheurs avaient découvert une fosse commune sur le site de la Bataille de Lützen. Mais aujourd'hui, en analysant les os, ils en ont appris plus sur la vie et sur les morts violentes de ces soldats.
La Guerre de Trente Ans a été un des événements les plus sanglants de l'histoire européenne, plus mortel que la Peste noire et que la Seconde Guerre Mondiale, en termes de pourcentage de la population perdue.
Se déroulant entre 1618 et 1648, le conflit débuta comme une lutte entre catholiques et protestant à l'intérieur du Saint-Empire romain germanique. Les combats violents touchèrent une grande partie de l'Europe centrale, mais la majeure partie des batailles eurent lieu dans ce qui est aujourd'hui l'Allemagne.
En plus des morts sur les champs de bataille, les famines et les épidémies dévastèrent les populations. Dans le conflit, les deux camps se confièrent aux mercenaires étrangers (dont la fidélité pouvait changer selon qui payait le plus), et les armées d'occupation terrorisaient les civils dans les villes et dans les villages. Le tournant dans la guerre eut lieu avec l'intervention de la Suède en 1630 et son soutien aux forces protestantes. Le roi suédois Gustave II Adolphe mena une série de batailles victorieuses, jusqu'à ce qu'il soit tué dans un combat contre le général Albrecht von Wallenstein, commandant des troupes impériales du Saint-Empire romain germanique, pendant la bataille de Lützen, le 16 novembre 1632.
Blessures de guerre
Les archéologues ont déterminé le site de la bataille de Lützen en 2006, après qu'une recherche avec un détecteur de métaux avait révélé environ 3000 projectiles, munitions et autres objets. Puis une tranchée creusée en 2011 avait découvert une fosse commune. Pour empêcher les pillages et les érosions du temps, les scientifiques ne fouillèrent pas les squelettes; ils soulevèrent directement le bloc de terre de 55 tonnes avec les corps.
Guidé par Nicole Nicklisch, du bureau d'État pour la gestion du patrimoine et de l'archéologie de la Saxe-Anhalt, un groupe de bio-archéologues a analysé les 47 squelettes dans ce bloc, en cherchant les lésions mortelles causées lors d'une bataille.
Selon leurs résultats, publiés dans le magazine PLOS ONE, la majeure partie des hommes n'était déjà plus en forme avant la bataille. Seize d'entre eux avaient des lésions à la tête; un homme en avait même eues quatre dans les conflits précédents avant de mourir. Vingt-et-un d'entre eux avaient d'autres blessures osseuses guéries ou en phase de guérison comme des fractures des bras, des jambes et des côtes. En examinant les blessures non guéries, les chercheurs ont découvert le type de lésions subies pendant la bataille de Lützen.
Même si quelques hommes avaient des signes de coupures et de déchirures sur les os, les armes avec lames semblaient avoir joué un rôle mineur dans la mort de ces soldats. En revanche, plus que la moitié des hommes ont été touchés par des armes à feu. Vingt-et-un furent touchés à la tête et onze d'entre d'eux avaient encore les projectiles dans le crâne.


L'attaque de la cavalerie
Le nombre élevé de blessures par des coups de feu était insolite pour l'époque, du moins en comparaison à d'autres fosses communes de la Guerre de Trente Ans sur des sites allemands comme Wittstock et Alerheim. Épées et poignards étaient encore "les arme choisies pour le combat corps au corps", écrivent les chercheurs. Cet affrontement "insolite" avec des armes à feu à Lützen pourrait correspondre à un compte rendu de la bataille. La documentation historique suggère qu'une unité d'élite (constituée principalement de soldats allemands) de l'armée suédoise appelée "Brigade Bleue" a subi une défaite mortelle dans la zone de la fosse, après avoir été surprise par une unité de cavalerie de l'armée catholique impériale.
Les restes des projectiles révèlent que les soldats avaient été attaqués avec des pistolets, mousquets et carabines, armes que les cavaliers utilisaient à faible distance. Les sources historiques parlent de soldats avec des projectiles dans la bouche pour recharger les armes rapidement, et en effet deux squelettes avaient encore en bouche des projectiles de plomb non tirés. Les chercheurs supposent que la plus grande partie des hommes enterrés dans cette tombe combattait pour l'armée suédoise, même si probablement des soldats de l'armée impériale finirent aussi dans la fosse.

Il y n'avait pas beaucoup de vêtements ou matériels sur les corps, ce qui indique qu'avant d'être enterrés les soldats ont été dépouillés de leurs uniformes et de tout ce qu'ils portaient. Et alors que quelques corps semblent avoir été enterré avec soin, d'autres semblent avoir été jetés, très probablement des habitants qui durent nettoyer le champ de bataille peu de jours après.
"On peut certainement supposer que la population locale de Lützen n'eut pas une attitude positive vis-à-vis des soldats tombés, indépendamment de toute affiliation militaire", expliquent les chercheurs. "Dans la Guerre de Trente Ans, chaque bataille apporta destruction et misère à la population rurale."


Source : Ilfattostorico.com - Il volto della guerra : le ferite mortali scoperte in une fossa comune della guerre dei trentanni
Traduit et publié par Marion Juglin
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